Traité du Saint-Esprit
Collection “Sources chrétiennes” 386.
Tandis que, dans la seconde moitié du IVe siècle, ces princes de la théologie que sont les Cappadociens faisaient retentir bien au-delà de leur lointaine Asie les accents vigoureux de la foi indéfectiblement attachée à la divinité du Saint Esprit, il se trouvait qu’en bordure des déserts de l’Égypte, aux portes mêmes d’Alexandrie, un homme sans titre et sans fonction ecclésiale, un fragile de l’existence puisque les circonstances l’avaient privé de la vue dès l’âge de cinq ans, Didyme l’Aveugle, menait, après la mort de saint Athanase, pour les besoins de la foi menacée, le même combat que ses grands contemporains. Il était, de par sa cécité, entouré d’amis, de « frères » disait-il, et c’est avec la timidité des humbles qu’il avait entrepris, à leur prière, cet essai de pensée chrétienne sur le mystère de l’Esprit. L’arianisme hissait le saint Esprit au plus haut sommet des anges et le rabaissait du même coup au rang des créatures ; il fallait lui rendre sa place divine au sein de la Trinité. La prodigieuse mémoire de Didyme ne lui fit amener pas moins de 311 citations de l’Écriture ; sur elles, il appuya une réflexion théologique qui, moins avancée, n’eut pas l’impact de la cappadocienne, mais n’en présente pas moins, pour nous, une étape importante dans le développement de la pneumatologie. L’essai a été perdu en grec. Il nous a été conservé que dans la traduction latine de saint Jérôme, et c’est ce qui fit sa notoriété en Occident. Il n’avait jamais été traduit en français ; il en avait pas bien besoin, comme aussi de la toilette critique et impitoyable à laquelle il a fallu le soumettre, – le lecteur s’en apercevra !